Mon enfance a fait de moi quelqu’un de timide. Je parle peu, mais bien. Réservée mais franche, là se trouve tout mon côté paradoxal. J’ai un mal fou à m’ouvrir aux autres, instinct d’autoprotection sûrement, qui me rend plutôt solitaire. Passionnée de photographie, il n’est pas rare de me voir me balader sur le campus, cachée derrière l’objectif d’un appareil. Sensible ? Sans aucun doute. Artiste ? Probablement, si cela veut dire aimer les belles choses. Je suis plutôt naïve, chose qu’Aria me reproche souvent, mais je n’y peux rien, une fois de plus, j’ai été élevée dans cet optique où tendresse, douceur et paix régissaient le monde. Malgré tout, je ne suis pas totalement stupide et je sais me défendre lorsqu’il le faut. Me voir énervée n’est jamais une partie de plaisir – ça fait même plutôt peur.

Mes parents sont deux sang-purs à l’âme rebelle. Issus tous les deux de grandes familles de sorciers, ils ont attendu d’avoir leur diplôme et assez d’argent pour se permettre de réaliser leur rêve : acheter une caravane et faire le tour des Etats-Unis. Dans le genre hippie, ils sont on ne peut plus pacifistes. Je suis la cadette de trois enfants, mais aussi la plus effacée. Mes parents nous ont élevé de façon très étrange, diront certains, et nous étions libres de faire plus ou moins tout ce que l’on voulait. Cela plaisait à mes frères, moi, ça m’a simplement renfermé sur moi-même. Le contraste entre ma vie bohème et purement familiale et la foule que représentait Mediam Noctem a été grand, mais j’ai fini par m’habituer à ma solitude… Du moins, jusqu’à ce que je rencontre Aria.

J’ai plutôt un caractère facile. Du moins, c’est ce que je pense. Ma sœur n’arrête pas de répéter que je suis un chieur né, mais c’est parce qu’elle est affreusement de mauvaise foi. Pour tout vous dire, à Poudlard, j’étais capitaine de l’équipe de Quidditch des Gryffondor, et j’avais droit aux égards qui vont avec le poste. Contrairement à Aria, qui est sans cesse dans les nuages, je suis le mec bruyant, qui enchaine les blagues et dit bonjour à tous les gens qu’il croise. Le bon pote, le beau gosse populaire. Dernièrement, je me suis découvert un côté sombre. La guerre m’a pris ma mère, je refuse qu’elle me prenne ma sœur…

Ma vie n’a rien d’intéressant. Rien qui ne vaille d’en faire un roman ou quoique ce soit. Je n’ai pas grand-chose de spécial. Mon enfance, je l’ai passé avec mon père, un moldu, à Glasgow. Mon adolescence, ça a été Poudlard et le Quidditch. Aujourd’hui, la fac, les soirées, le bubbly (qui, bien que moins intéressant que le Quidditch, reste un sport qui me permet de voler et d’extérioriser ma violence, ce qu’Aria appelle un « surplus d’émotions refoulées »). Je n’ai rien à offrir au monde, et ça me met hors de moi. Presque autant que de voir ma jumelle se préparer pour un combat qui n’est pas le sien. J’oublie, je m’égare, je m’amuse, je fais comme si… Parfois même je me demande si se joindre au mage noir ne serait pas la meilleure solution pour survivre. Mais cette pensée me dégoute, alors je l’éloigne aussi vite que possible. J’avais une identité bien définie, un futur tout tracé, à Poudlard. Malheureusement, j’ai grandi…